La Fête des Bergers qui se tient à Semmama est devenue, au fil des ans, un élément incontournable du paysage culturel de la région, avec des partenaires et des invités de marque à l’échelle nationale et internationale.
Les workshops qui démarrent du 12 et se poursuivront jusqu’au 21 avril consistent en une réflexion sur l’écosystème et les spécificités culturelles de Kasserine ainsi qu’une recherche de solutions concrètes et alternatives qui contribueront à l’auto-développement à travers l’art et la culture. C’est le Centre culturel des arts et métiers de la montagne de Jbel Semmama qui orchestre ces ateliers, en partenariat avec DVV International, l’Institut de coopération internationale de la Confédération allemande pour l’éducation des adultes (Deutscher Volkshochschul-Verbande).
Cette collaboration cherche à assurer les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie et vise particulièrement les régions qui se caractérisent par des taux d’analphabétisme et de pauvreté élevés en intégrant les jeunes décrocheurs scolaires dans des activités culturelles et artisanales et en formant les femmes vulnérables dans des spécialités créatives qui améliorent leur autonomie. Leur objectif ne se résume pas uniquement à l’acquisition de connaissances et de compétences, mais contribue aussi au développement de la communauté et de l’économie locale. A travers ces workshops, les habitants de Kasserine, ainsi que les chercheurs et étudiants qui participeront, auront alors l’occasion d’échanger leur savoir-faire et leur art.
De l’art avant tout
L’Association Praxis Art et design a lancé un appel à participation aux enseignants-artistes pour organiser des formations innovantes mais qui prendront en considération les spécificités locales et le patrimoine matériel et immatériel de la région. Dans ce cadre, une résidence artistique sera animée par Mohamed Nouir, professeur à l’Institut supérieur des Arts dramatiques, et la célèbre marionnettiste Ahlem Missar.
En parallèle, le workshop « Empreintes végétales des plantes de Semmama » se tiendra du 12 au 21 avril avec la chercheuse Dr Marwa Gdima.
Cette expérience unique invite les participants à découvrir et à capturer la beauté éphémère des plantes en créant des motifs et des textures uniques sur la céramique.
A travers l’immersion artistique dans le monde naturel et botanique de Semmama, cette occasion d’éterniser la beauté naturelle du printemps par des empreintes végétales sur de l’argile fraîche mettra en lumière la richesse de la flore locale. Les participants pourront explorer différentes techniques et développer une appréciation plus profonde de la nature et de son rôle dans l’inspiration artistique.
Dr Fatma Belguith, enseignante universitaire, dirigera un atelier intitulé « Ceci n’est pas une toison ». Elle se chargera d’apprendre aux participants à tresser, modeler et sculpter, avec de la laine de brebis, des pièces de décoration exceptionnelles.
D’ailleurs, les supports publicitaires de l’événement seront travaillés avec la peau de mouton et l’alfa.
L’acteur et metteur en scène roumain Paul Cimpoieru sera également en résidence artistique à Semmama pour son spectacle « Les Bergers d’âme » ou Twiz’ame. Ce projet conçu pour la Fête des bergers, avec l’assistance de sa compatriote Alina Pentac, raconte l’engagement de la femme rurale et le militantisme des bergers. Sur un fond musical pastoral, ce spectacle, qui parle un langage universel, reproduira avec des gestes et des chorégraphies la belle énergie des bergers qui guident leurs troupeaux d’animaux, des agriculteurs, de la moisson. Il se veut un témoignage sur la puissance, la générosité, la vision, la pureté, la sagesse et l’authenticité d’un peuple qui s’attache à ses racines.
Dans son projet, Paul va rassembler les peaux de moutons de Fatma Belguith, les mascottes de Mohamed Nouir, les céramiques de Marwa Gdima, la musique des bergers et la chorégraphie des jeunes. D’ailleurs, les artisans de la montagne prépareront les costumes et le décor du spectacle pour appliquer ce qu’ils ont appris aux workshops.
En même temps, l’atelier « Street Art Graffiti » travaillera sur les façades du centre culturel pour réaliser des tableaux inspirés des plantes et du paysage culturel du village.
Reboisons le djebel
« Les phénix de Semamma » est une idée de Wafa Jbali qui mettra l’accent sur la déforestation et appelle à la protection de la richesse forestière bafouée par l’irresponsabilité humaine ces dernières années.
En effet, les forêts de Kasserine, qui étaient bien connues par le pin d’Alep, le genévrier et pour la distillation du romarin et des plantes médicinales, ont été secouées par les incendies qui ont sinistré les montagnes et calciné les collines.
Les troncs d’arbres et les branches carbonisées ont inspiré à Wafa Jbali un projet plastique original : travailler sur les troncs brûlés pour en faire des sculptures noires qui symbolisent la lutte de la région. Le message à transmettre est clair : Protégeons la flore de Semmama qui est en train de renaître de ses cendres.
La Fête de la roquette le 19 avril 2024
La Fête de la roquette comprendra un buffet créatif préparé par l’équipe de la gastronomie du Centre culturel de Semmama.
Déjà cultivée dans les domaines royaux en Europe, la roquette, ou Eruca sativa, est une des salades les plus appréciées. On la retrouve d’ailleurs dans plusieurs recettes de la gastronomie italienne. Les feuilles, qui ont un goût légèrement piquant, sont une excellente source de vitamines et de fibres alimentaires indispensables au fonctionnement intestinal.
En plus de favoriser le transit et le bien-être digestif, les fibres alimentaires sont très peu caloriques et sont un véritable atout dans le cadre d’une alimentation équilibrée. Des menus et délices à base de roquette et de plantes du djebel seront proposés pour revaloriser cette plante sauvage emblématique de Kasserine.
Notons que beaucoup d’autres spectacles artistiques et rencontres scientifiques seront programmés à Kasserine du 19 au 21 avril dans le cadre de la Fête des Bergers, en présence d’invités et d’étudiants de différentes universités tunisiennes.
L’autrice palestinienne Adania Shibli a également confirmé sa présence pour partager des fragments de son histoire et de son roman « Détail mineur » à la Colline de Darwich à Semmama le 29 avril.